| 10 Nov 2025

MDR, CPNP, CE… Ce que tout professionnel de l’esthétique doit savoir sur les nouvelles normes européennes

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Les réglementations européennes autour de l’esthétique évoluent vite, parfois plus vite que les pratiques du terrain.

Entre nouvelles normes européennes, contrôles renforcés et technologies de plus en plus sophistiquées, l’année 2025 marque un tournant pour le secteur de l’esthétique.
Les esthéticiennes, dermatologues et responsables de centre doivent aujourd’hui s’assurer que leurs appareils et produits respectent les dernières obligations légales, sous peine de sanctions ou de retrait d’usage.

Ce guide synthétise ce qu’il faut retenir, avant et après 2025, avec les différences clés entre la Belgique et la France.

1. Avant 2025 : le cadre européen en place

Le principe général

Depuis plusieurs années, deux textes européens encadrent l’ensemble du secteur :

  • le Règlement sur les dispositifs médicaux (MDR 2017/745), pour les appareils comme la radiofréquence, la LED ou la pressothérapie ;

  • le Règlement cosmétique (CE 1223/2009), pour les soins visage, produits cabine ou retail.

Leur objectif : garantir la sécurité du consommateur et la transparence des produits utilisés en institut ou en cabinet.

En Belgique (jusqu’en 2024)

  • L’AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) contrôle les appareils et produits à usage esthétique.

  • Les appareils utilisés en cabine doivent être marqués CE et accompagnés d’une documentation claire : notice, précautions, contre-indications.

  • Les produits cosmétiques doivent être notifiés sur le portail européen CPNP et porter toutes les mentions obligatoires (composition, fabricant, date de péremption, précautions).

  • Les centres de formation sont encouragés à n’utiliser que du matériel conforme pour leurs démonstrations.

En pratique :

Avant d’acheter un nouvel appareil, demandez toujours au fournisseur :

  • une preuve du marquage CE,
  • la fiche technique complète,
  • la notice d’utilisation officielle.

Ces documents sont exigibles en cas de contrôle de l’AFMPS.

En France (jusqu’en 2024)

La réglementation est plus restrictive.

  • L’ANSM supervise les appareils esthétiques : certains, comme les lasers dépilatoires, la radiofréquence médicale ou le microneedling profond, sont réservés au corps médical.

  • L’usage par des esthéticiennes est donc limité aux technologies non invasives : LED, pressothérapie, ultrasons de surface, soins par courant galvanique doux.

  • La DGCCRF veille sur les produits cosmétiques : étiquetage, allégations (“dermatologique”, “anti-acné”), origine des ingrédients.

  • Les formations doivent se concentrer sur des protocoles autorisés en institut.

En pratique :

  • N’utilisez jamais un appareil qui agit sur la peau en profondeur (microneedling, laser, HIFU) sans supervision médicale.
  • Privilégiez des fournisseurs clairement identifiés et évitez les achats sur des plateformes non spécialisées.

2. Depuis 2025 : ce qui change concrètement

Au niveau européen

Les nouvelles dispositions renforcent surtout la traçabilité et la sécurité d’usage :

  • actualisation des normes MDR (UE 2025/2078) ;
  • contrôle accru sur les importations d’appareils esthétiques non certifiés ;
  • révision du règlement cosmétique européen, avec des restrictions sur certains nanomatériaux, allergènes et conservateurs.

Pour les professionnels, cela se traduit par un seul mot d’ordre : vigilance.
Acheter, utiliser ou recommander un produit non conforme peut désormais engager la responsabilité directe du praticien ou de l’institut.

En Belgique (2025)

  • L’AFMPS renforce les contrôles terrain sur les instituts et centres de formation.

  • De nouveaux guides pratiques 2025 précisent les bonnes pratiques de traçabilité et d’entretien des équipements.

  • Les produits non notifiés au CPNP ou sans marquage CE peuvent être immédiatement retirés du marché.

Pour les esthéticiennes :

  • Conservez les fiches techniques et notices de vos appareils.
  • Vérifiez la conformité CE sur le corps de l’appareil ou la plaque signalétique.
  • Ne suivez que des formations utilisant du matériel certifié.

Pour les dermatologues :

  • Les collaborations avec les centres esthétiques restent encouragées, à condition que chaque partie respecte les usages autorisés.
  • Le partage d’appareils entre cabinet et institut est à éviter si la classification diffère (médicale vs esthétique).

En France (2025)

  • La DGCCRF a intensifié ses inspections 2024-2025, notamment sur les produits vendus en ligne et les cosmétiques importés.

  • L’ANSM clarifie le cadre des technologies dites “hybrides” (radiofréquence non ablative, LED combinée à stimulation musculaire).

  • De nouvelles règles de communication interdisent les allégations médicales ou thérapeutiques dans les supports marketing.

Pour les esthéticiennes :

  • Vérifiez que la formation ou le fournisseur indique clairement “usage esthétique uniquement”.
  • En cas de doute, consultez la liste des technologies autorisées sur le site de l’ANSM.

Pour les dermatologues :

  • Ces évolutions ouvrent la voie à davantage de partenariats avec les instituts (pré- ou post-traitement), dans un cadre de sécurité mieux défini.

3. À retenir : les bons réflexes 2025

Objectif Bon réflexe Mauvais réflexe
Acheter un appareil esthétique Vérifier marquage CE, fournisseur européen, notice complète Acheter en ligne sans preuve de conformité
Choisir ses cosmétiques cabine Privilégier des marques notifiées au CPNP et testées dermatologiquement Utiliser des produits non identifiés ou sans responsable européen
Communiquer auprès des clients Employer des termes esthétiques (“raffermir”, “éclat”, “tonifie”) Employer des termes médicaux (“traite l’acné”, “soigne la rosacée”)
Suivre une formation S’assurer que les technologies enseignées sont autorisées Manipuler du matériel médical non encadré

4. En résumé

  • Le MDR 2017/745 et le règlement cosmétique européen encadrent toute la pratique esthétique, du matériel aux produits utilisés.

  • Depuis 2025, les autorités (AFMPS, ANSM, DGCCRF) renforcent les contrôles et la traçabilité.

  • Les esthéticiennes doivent s’assurer que leur matériel est certifié et documenté.

  • Les dermatologues peuvent valoriser la collaboration avec des instituts conformes, dans une logique de sécurité partagée.

La conformité devient un gage de sérieux, de professionnalisme et de confiance.
Plus qu’une contrainte, c’est une opportunité de se démarquer dans un secteur où la qualité et la transparence sont désormais incontournables.

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